- AFP / Par Shahzad Abdul | Crée le 01.10.2024 à 08h45 | Mis à jour le 01.10.2024 à 08h45ImprimerJosette Kiki bénéficie du soutien de l'association Solidarité RS. Elle vide un sac de courses offert par l'association dans sa cuisine. AFP - AFP or licensors - SEBASTIEN BOZONAvec les émeutes, le tissu économique est fortement dégradé, les aides publiques manquent, l'emploi se fait rare. De nombreuses familles auparavant sans problème se trouvent dans des situations très précaires, n'arrivant pas à joindre les deux bouts. Heureusement des associations les soutiennent. Mais la situation est critique.
Un par un, Kiki Josette dépose dans sa cuisine les sachets de pâtes, de riz, de lait en poudre. Sans ce panier d'aide alimentaire, fourni par une association de Rivière Salée, elle n'aurait "plus rien" à manger.
Devant un frigo rouillé et quasi-vide, la grand-mère de 66 ans, égrène un calcul rapide et sans appel : une retraite de moins de 180 000 francs, un loyer de 70 000 francs, les factures d'électricité, d'eau...
"A la fin, il n'y a plus rien, je ne peux plus m'acheter à manger", explique-t-elle en ce jeudi après-midi, au premier étage de son HLM délabré de Rivière salée.
Le sac de courses va lui permettre de "tenir 15 jours", espère cette dame, pour qui la vie est devenue "très difficile" depuis les émeutes qui ont secoué en mai et juin le pays et ravagé le tissu économique. Quatre mois plus tard, une profonde crise sociale se dessine.
Aucune estimation officielle n'a été dressée, mais selon la Banque alimentaire de Nouvelle-Calédonie, 20 000 personnes en besoin d'aide pour se nourrir s'ajoutent progressivement aux 10 000 bénéficiaires déjà identifiés.
"Il faut absolument qu'on se relève très vite, parce qu'on va vers une crise alimentaire très dure", estime sa présidente Betty Levanqué.
Lors de son dernier congrès fin août, l'alliance indépendantiste du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a même prévenu qu'aux violences de mai sur fond politique pouvaient désormais succéder des "émeutes de la faim".
"Ça va péter"
Les signaux faibles sont là, avertit Arnaud Chollet-Léakava, un membre du FLNKS qui dirige la Fondation pour les sans-voix, prenant l'exemple de cambriolages lors desquels on vole désormais du riz ou du pain.
"A un moment donné, ça va péter, les gens vont aller voler dans les magasins", pense-t-il.
Francis Maluia, qui a créé dans la foulée des émeutes l'association Solidarité RS, qui aide les riverains de Rivière salée comme Josette Kiki, a lui aussi vu la situation se tendre.
Il a accéléré la cadence des livraisons lorsqu'un homme a tenté d'agresser au sabre sa propre sœur qui avait réceptionné son colis alimentaire - elle habite l'appartement voisin.
Francis Maluia (à gauche), est le président de l'association Solidarité RS. Avec une bénévole, ils distribuent un sac cabas alimentaire à un bénéficiaire, Jean-Baptiste Maukava (au centre), à Rivière Salée. AFP - AFP or licensors - SEBASTIEN BOZON"J'ai l'impression que c'est chaque jour plus difficile", souffle celui qui s'est donné pour mission d'"aider les plus vulnérables", 2 500 personnes pour son seul quartier de Rivière Salée.
Ces derniers temps, un profil parmi ceux qui demandent de l'aide inquiète particulièrement Francis Maluia, qui a installé son association dans la cour de sa maison, aujourd'hui envahie de palettes et de cartons remplis de vivres : aux néo-chômeurs, dont les entreprises ont été saccagées, s'ajoutent désormais des travailleurs qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts, en raison de l'inflation.
Honte
Jean-Baptiste Maukava en fait partie. Le magasinier wallisien de 19 ans est le seul de son foyer à travailler.
"Je peux faire les courses au début du mois, mais vers la fin, c'est dur. Heureusement que l'association nous aide, sinon j'aurais dû demander un acompte à mon patron", confie le jeune homme, une de ses filles jumelles dans les bras, l'autre gigotant dans un trotteur.
Bébés obligent, Jean-Baptiste Maukava a reçu un panier différent, garni notamment de couches et de lait infantile.
"C'est un peu honteux d'avoir besoin d'aide pour vivre. Mais j'ai dû mettre mon égo de côté et assumer", avoue le gaillard.
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