Au vu d'une année 2024 plus que compliquée, ce n'était pas gagné pour tous les jeunes en classe d'examen ! Il a fallu que le vice-rectorat prenne une décision rapidement, chose faite dès le mois de mai : les élèves passeront leurs examens en contrôle continu. "Si on n'avait pas recouru au contrôle continu, l'année 2024 aurait pu être une année blanche, sans diplôme. C'était quelque chose d'impensable", attaque le vice-recteur Didier Vin-Datiche, lors de la conférence de presse qui s'est tenue mercredi 11 décembre, à midi, au vice-rectorat. "Il faut bien reconnaître que lorsque les événements ont surgi au mois de mai, on n'était pas sûrs d'être en mesure d'organiser une session d'examen à la fin de l'année. C'est la raison pour laquelle on a rapidement rendu un arbitrage qui consistait à recourir cette année au contrôle continu pour rassurer les parents et leur garantir une session d'examen et l'attribution de diplômes permettant à leurs enfants de poursuivre leur scolarité."

Une décision qui se justifiait donc pleinement et qui a porté ses fruits au vu des résultats qui sont tombés mercredi après-midi. Concernant le baccalauréat, le taux de réussite pour l'ensemble des filières (Générale, Technologique, Professionnelle) est de 80,9% ce qui représente 2 595 nouveaux bacheliers. 333 élèves ont été éliminés ou refusés, 278 se présenteront au rattrapage. Des chiffres qui confortent Didier Vin-Datiche dans les choix qui ont été faits : " Les taux de présence avaient considérablement chuté aux mois de juillet et août. On était extrêmement inquiets que les élèves ne reviennent pas. Grâce au contrôle continu, on est parvenus à les convaincre de revenir." Pour rappel, le taux de réussite au baccalauréat toutes filières confondues en 2023 était de 68,3%. Si les résultats peuvent vous paraître meilleurs que ceux des années antérieures, pour le vice-recteur, pas de doute, c'est " le contrôle continu qui veut ça car il a vocation à récompenser l'assiduité et le contrôle régulier des élèves."

"On est la génération sans examen ! "

A 14 heures, Gilles Ukeiwë, proviseur du lycée Lapérouse, assiste sous une pluie battante au traditionnel affichage des résultats. Et malgré le temps maussade, il arbore un grand sourire : " Ça a été une année très éprouvante pour tout le monde, les jeunes, leurs parents, la communauté éducative… On a tout de même un millier de jeunes qui n'ont pas retrouvé le chemin de l'école sur l'ensemble du pays. Concernant le lycée Lapérouse, je suis très heureux de voir qu'il n'y a aucun élève qui a été refusé. Et les exigences sont restées les mêmes !"

Pour les jeunes concernés, pas de doute, ces résultats sont largement mérités et qu'on ne vienne pas leur dire que le niveau a été revu à la baisse du fait de la situation exceptionnelle. Lilou, en classe Défense au lycée Lapérouse, a raté quasiment trois mois de cours : "Je suis partie en France pendant un mois en avril et quand je suis rentrée, c'était les émeutes. Il a fallu que je travaille deux fois plus durant l'année. Alors, pour moi, ce bac, je le mérite !" Hugo a été obligé de changer d'établissement en cours d'année : "J'étais au lycée de Poindimié mais à cause des émeutes, je suis descendu à Nouméa et j'ai intégré le lycée Lapérouse. Du coup, je n'ai raté que deux semaines de cours. Et finalement, j'ai préféré qu'on soit en contrôle continu, ça m'a enlevé le stress de l'examen. Et pour moi, le diplôme reste le même, on a eu le même travail à fournir toute l'année. "

Lucie en terminale générale à Blaise-Pascal a vécu une année scolaire un peu chaotique : " J'étais interne mais l'internat a fermé. J'ai donc suivi les cours en visio, puis en août je suis partie vivre chez une amie à Nouméa et j'ai pu reprendre le lycée. " Si la jeune fille est rassurée puisqu'elle a eu son bac avec mention, elle regrette tout de même de ne pas avoir pu vivre les conditions de l'examen : " On n'a même pas eu le bac " blanc ". On n'a pas pu s'entraîner. Mais on s'est donné autant que les autres et ce n'était pas plus facile parce que c'était en contrôle continu. " Idem pour Claire : " C'était compliqué de travailler, on a été vraiment perturbés par ce qu'il s'est passé et stressés car il a fallu s'adapter à la nouvelle organisation. Certains élèves n'ont pas calculé, ils n'ont pas bossé régulièrement toute l'année, du coup ça été encore plus dur pour eux." Et quand on lui demande ce qu'elle pense du fait de ne pas avoir passé l'examen final du bac, la jeune fille répond sans hésiter : "On est la génération sans examen ! Pas d'exam pour le brevet et pas d'exam pour le bac.. C'est peut-être un peu moins valorisant... Mais nos résultats restent le fruit de notre travail."